album/Jeunesse

Je vous aime tant, Alain Serres & Olivier Tallec

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En haut du sixième étage, un petit garçon fait mine de regarder les nuages en forme de cuillère alors qu’en douce il regardait la petite fille d’en face, celle à la fenêtre bleue, qui fait mine de s’intéresser au chien 6 étages plus bas alors qu’elle regardait le petit garçon. Olivier Tallec et Alain Serres ont sans aucun doute le don pour décrire ce petit moment flottant de gêne : le regard s’enfuit, les joues rougissent, le coeur bat.

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Mais encore mieux, sous des aspects d’histoire d’amour, Je vous aime tant est également un album sublimant le temps qui passe, le monde qui change et les différents habitants qui l’y habitent.

Oui, car le petit gars se décide et va écrire à cette petite fille de la fenêtre en face. Il va écrire qu’il l’aime, et poste la lettre. Un seul trait fin dans la page blanche suffit pour ressentir la joie inexplicable de ce moment de grand courage quand on vient de poster une lettre d’amour – se sentir vivant, la légèreté dans le coeur après l’aveu (pas encore lu) qui fait danser et presque s’envoler.

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Et c’est là que le voyage commence : la lettre commence sa course dans le caniveau, mais jusqu’où ? Combien de temps mettra-t-elle avant d’arriver ? Et d’ailleurs arrivera-t-elle? Cette lettre qui tombe dans le caniveau n’est-elle pas finalement qu’un prétexte pour découvrir le monde et toutes ses facettes, les plus dures comme les plus douces ? Car Alain Serres ne mâche pas ses mots, il les choisit certes avec précaution, mais n’hésite pas à en déposer quelques uns qui peuvent faire mal. La réalité est dure, oui. Mais s’il écrit le monde parfois avec brutalité, parfois avec douceur, il le fait toujours avec justesse.

Ainsi, un petit piano d’enfant sur un tas d’ordures, avec un banjo, un portrait et une théière suffisent pour, à la fois -presque- se révolter de la saleté que laisse l’Homme derrière lui, tout en ressentant la nostalgie douce d’un premier amour, d’une tasse de thé chaud dans le creux des mains, d’un premier petit piano que l’on a oublié dans le grenier et dont la mélodie, lorsqu’on l’effleure, rappelle un tas de souvenirs. Un tas d’ordures comme un tas de souvenirs… La lettre d’amour du petit garçon nous rappelle bien la mystérieuse course du temps qui passe.

Je vous aime tant n’est-il pas aussi un éloge de la patience ? Alors que le petit garçon observe de sa fenêtre les gens si pressés qu’ils n’arrivent pas à entrer dans la case, il prend son temps pour avouer son amour, tout comme la lettre prendra son temps pour arriver à la bien aimée.

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L’amour traverse les âges et le temps, et l’honnêteté et la sincérité des sentiments d’un petit garçon traversent le monde souvent si cruel et dur. Je vous aime tant, tendre histoire d’amour, est avant tout un message d’espoir envoyé aux amoureux de la vie et du monde, quelqu’il soit. Un message à tous les optimistes qui, malgré ce que le monde devient, croient toujours en la beauté et la bonté de l’Homme.

© Je vous aime tant, Alain Serres, Olivier Tallec, Rue du monde, 2006. À découvrir aussi sur Les enfants à la page.

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